Autisme : un pronostic prénatal  ???

Autisme : un pronostic prénatal ???

Des travaux qui permettraient d'identifier, dès la naissance, les enfants susceptibles d’être porteurs d'un trouble du spectre autistique.

Une équipe composée de médecins et chercheurs du CHU et de l'université de Limoges, mais aussi de Paris et Marseille.

Évaluer le risque d'autisme dès la naissance, grâce à l'intelligence artificielle, afin d'enclencher une prise en charge la plus précoce possible, c'est l'objectif de l'étude baptisée AUT ANT, publiée le 25 mars dans la revue Scientific Reports

Trois ans de recueil de données

Le projet de recherche a été mené à partir des données de bébés nés à l'hôpital de la mère et de l'enfant (HME), au CHU de Limoges et diagnostiqués ensuite autistes par le Centre expert autisme du Limousin.

Il a porté sur le recueil des données du suivi, depuis le début de la grossesse jusqu'à la naissance, de 65 enfants avec troubles du spectre autistique (TSA). Des données qui ont été comparées à celles de 240 autres naissances sans diagnostic d'autisme dans la même maternité.

120 critères analysés

Le programme d'intelligence artificielle de type machine learning, développé par l'équipe de recherche, a analysé 120 critères par grossesse : antécédents familiaux des parents, échographies obstétricales, test de dépistage de la trisomie 21, longueur du fémur au 3ème trimestre, conditions d’accouchement avec rotation de la tête fœtale pendant le travail, premiers jours de la vie...

Il permet de « déterminer l’impact de chacun des paramètres sur le pronostic final » et d’établir un score de risque. « Dans 95 % des cas, on est en mesure de dire aux parents que leur bébé n’est pas autiste », indique Hugues Caly, responsable de la maternité de l’HME et l’un des trois obstétriciens qui a participé au recueil des données. 

Éviter l'errance diagnostique

« Sur les 65 enfants autistes, 40 % d’entre eux présentaient des critères qui auraient pu permettre de repérer les TSA dès la naissance », expose pour sa part Éric Lemonnier, pédopsychiatre et directeur du Centre ressources autisme en Limousin, à l’initiative du projet. 

L’objectif serait de poser le diagnostic plus rapidement. « On ne peut pas dire au moment de la naissance que l’enfant est autiste, mais on peut mettre en place un suivi adapté afin d’affiner le diagnostic au fil du temps, en un an, deux ans maximum, reprend Hugues Caly. Cela permettra d’éviter de faire subir l’errance diagnostique aux parents, jusqu’aux 4 ou 5 ans de l’enfant, et de proposer un accompagnement extrêmement précoce. »

Une première étape

Les résultats de cette étude ont pour l’instant besoin d’être confortés : « Il s’agit d’un pronostic, non d’un diagnostic et sa fiabilité nécessite d’être consolidée par des estimations sur des centaines de bébés », indique un communiqué de presse du CHU.

La prochaine étape sera celle d’un élargissement à d’autres maternités françaises et étrangères. « Pour nourrir l’intelligence artificielle et obtenir un algorithme solide, il faudrait recruter jusqu’à 600 enfants autistes et trois fois plus d’enfants “témoins” », indique Hugues Caly.

Après ce travail rétrospectif, l’objectif serait de faire une étude prospective en suivant les femmes depuis le début de leur grossesse. Le docteur Lemonnier imagine l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine où 15.000 femmes accouchent chaque année dans une maternité de niveau 3 (avec des soins intensifs de néonatalogie).


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