Zone interdite [M6] alerte sur les dysfonctionnements dans la prise en charge des personnes handicapées

Zone interdite [M6] alerte sur les dysfonctionnements dans la prise en charge des personnes handicapées

Zone interdite. Scandales et défaillances de l’État : les dossiers noirs du handicap.  

Article rédigé par Claudine Colozzi (Faire Face)

À voir en replay, présenté par Ophélie Meunier.

L’enquête d’Esther Goldmann intitulée Scandales et défaillance de l’État : les dossiers noirs du handicap met en lumière le côté obscur d’un système qui, au lieu d’aider les personnes handicapées, les dédaigne voire les maltraite. Un documentaire à charge.

Le dimanche 24 mars 2024, l’émission Zone Interdite a consacré son nouveau numéro aux défaillances dans la prise en charge du handicap : Manque de places dans les structures d’accueil, personnel non qualifié et en sous-effectif, détournement d’aides publiques.

Manque de places en établissements ou à l'école, enfants sans solutions contraints de rester à la maison, maltraitances physiques et psychologiques 

À la dernière rentrée scolaire le Gouvernement s’est félicité que 436 000 enfants porteurs d’un handicap soient scolarisés.

Mais quid des 30 000 autres mineurs et de leurs familles qui ne bénéficient d’aucune solution d’accueil ?

L’enquête de Zone interdite débute sur l’un d’entre eux. Arthur, 7 ans, atteint d’autisme sévère, vit seul avec Sandrine, sa maman. Épuisée, contrainte d’arrêter de travailler, comme nombre de parents d’enfants handicapés, elle espère depuis des années une place pour son enfant en IME.

Arthur est accueilli deux heures par semaine à l’école. Une goutte d’eau pour cette mère à bout de nerfs qui ne peut que constater que l’école dite “inclusive” n’a pas les moyens de répondre aux besoins de son fils. Mais malgré ses relances, c’est toujours la même réponse : son dossier est en liste d’attente. Même quand elle menace de s’enchaîner aux portes de l’Agence régionale de santé, le personnel ne peut que constater son impuissance.

En caméra cachée dans une classe Ulis

Si certains enfants restent toute la journée chez eux, faute de places dans les 1 300 IME pleins à craquer, d’autres sont scolarisés en Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis).

Mais là encore, ce que révèle l’enquête diffusée dans Zone interdite, c’est le manque de moyens et d’ambitions pour construire l’école inclusive.

Embauchée comme AESH en quelques minutes, une journaliste filme en caméra cachée des situations totalement révoltantes.

Ainsi la jeune Chloé, 11 ans, atteinte de déficience mentale, négligée par la professeure responsable de l’Ulis qui passe ses journées devant des dessins animés. Rabrouée par l’enseignante, elle confie à son accompagnante : « Je veux être morte, je veux mourir. » Une situation dissimulée aux parents laissés dans l’ignorance.

Inertie des institutions

Pendant plus d’un an, une équipe de journalistes a suivi le combat quotidien de personnes en situation de handicap et de leurs proches, à la recherche d’une place en institut spécialisé ou à l’école.

Cette enquête, dont nous n’avons pu visionner que 60 minutes sur 90, pointe les failles des politiques publiques censées venir en aide aux personnes vulnérables, mais qui les laissent démunies et en souffrance. Ou contraints de chercher une autre solution… en Belgique.

Pour tenter d’expliquer cette situation, l’enquête de Zone interdite avance des chiffres.

Certes, il manque des centaines de milliers d’accompagnants dans les établissements scolaires et 50 000 soignants dans les instituts spécialisés.

Ces défaillances du système entraînent des dérives qui peuvent avoir des conséquences terribles : maltraitances physiques, pressions psychologiques, erreurs médicamenteuses. Certains les dénoncent courageusement, comme Olivier Paolini, lanceur d’alerte. Mais ils se heurtent à l’inertie d’institutions à bout de souffle qui préfèrent étouffer les problèmes.

Plaintes pour violences sur personne vulnérable

L’enquête multiplie les exemples qui convergent tous vers un constat implacable. Il faut mettre davantage de moyens pour que ces parents et ces enfants ne subissent plus ces situations indignes. 

Malgré tout, certains ne se résignent pas. Les parents de Gaëtan, 27 ans, autiste, ont décidé d’intenter une action en justice contre le foyer dans lequel vivait leur fils. Ce dernier a failli mourir à cause d’un probable surdosage médicamenteux.

« Dans le monde du handicap, c’est tellement plus facile d’être violent et d’être dans la maltraitance parce qu’il n’y a pas de retour. Nos enfants ne viennent pas nous raconter ce qu’ils subissent. » Depuis quatre ans, cette famille a déposé deux plaintes pour violences sur personne vulnérable. L’enquête est toujours en cours.


FAIRE FACE 

ZONE INTERDITE - M6

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